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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 11.1861

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Burty, Philippe: La gravure et la lithographie a l'exposition de 1861
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https://doi.org/10.11588/diglit.17227#0185

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LA GRAVURE ET LA LITHOGRAPHIE. 177

à de rares exceptions près, que livrer des bois coûteux et toujours impar-
faits. Cette critique serait facile à prouver par les planches du Dante de
M. Gustave Doré, qui garnissent presque tous les cadres de l'exposition.
Quoi qu'en puisse dire le jeune maître lui-même, les meilleurs graveurs
sont encore ceux qui ont le plus respectueusement suivi les indications de
sa plume ou de son crayon ; et, si nous avions des bons points à donner,
ce serait à ceux qui conduisent leur outil « comme des enfants de six ans »
que nous les distribuerions. Rendons cependant justice à M. Sargent pour
sa Boucherie turque, et à M. Pannemaker pour les tons noirs qu'il sait ob-
tenir sans opacité, et les blancs enlevés nettement.

A côté de la gravure sur bois qui se perd par l'abus de l'outil, la litho-
graphie se meurt aussi par l'oubli des grands principes qui doivent pré-
sider à toute œuvre d'art. Les peintres seuls pourraient lui rendre la vie;
mais qui oserait aujourd'hui lutter contre des artistes qui savent toutes
les roueries du g rené fin, et qui passent des semaines à rentrer un ciel?
Cependant, si les beaux jours de Bonington, de Decamps ou de M. Dela-
croix sont loin, M. Karl Bodmer, qui est aussi un paysagiste habile, a
voulu montrer que la lithographie n'était point seulement un art de pa-
tience. Il a librement crayonné, sur une pierre de plus de soixante centi-
mètres de hauteur, un Combat de cerfs dans la forêt de Fontainebleau. Le
livret prétend que c'est d'après un cle ses tableaux; j'aime mieux croire
que c'est d'après la nature. La nature seule, consultée directement, pou-
vait lui donner la rugosité de ce tronc de chêne, l'obscurité humide de ce
fourré d'où un troupeau de biches assiste impassible au duel acharné, le
gracieux enlacement de ces ronces, et tout le soleil qui petilîe sur les
feuilles. Est-ce dans l'atelier cle mademoiselle Rosa Bonheur que made-
moiselle Delphine Relier a appris à manier aussi cavalièrement le crayon?
Une Chevrette, un Broqiuwt, un Mouton métis, sont d'une coloration char-
mante; les hachures qui s'emmêlent à l'aventure sur les fonds font valoir
à merveille la laine huileuse, les yeux qui brillent ou le museau qui luit.
M. Célestin jNanteuil est encore un des derniers peintres-lithographes; ses
études d'après le Saint Bai^tholomé de Ribeira et le Baiser de Judas de
\an Dyck, au musée de Madrid, offrent ces noirs veloutés et caressants
dont il a le secret.

M. Rodolphe Bresdin n'est ni un peintre, ni, à proprement parler,
un lithographe. Il a une nature vraiment d'artiste, et, n'ayant jamais
étudié d'après la tradition, il produit des œuvres aussi étranges par
la conception que par le rendu. C'est un inexprimable fouillis qui
témoigne d'une imagination inquiète, d'une naïveté qui désarme la cri-
tique, et d'une sûreté d'exécution qui, en cousant, pour ainsi dire, les
 
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